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Introduction

On est toujours "trop" quelque chose aux yeux

des harceleurs.

Nora Fraisse.

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         rop gros, trop moche, trop chiant, trop bizarre… Autant de réflexions que peuvent encaisser les élèves en cours de récréation, parfois au nez et à la barbe du corps enseignant. Dans son livre “Marion 13 ans pour toujours”, Nora Fraisse partage l’immense douleur d’avoir perdu un enfant suite à une vague d’insultes et d’humiliations de la part de de ses camarades de classe. Marion, sa propre fille âgée de 13 ans, en a subi les conséquences au collège de Saint-Briis-sous-Forges dans l’Essonne (91). La jeune fille a mis fin à ses jours par pendaison, au domicile familial le 13 février 2013. Elle se trouvait juste à côté de son smartphone, désignant ses bourreaux d’école qui, même jusqu’au plus proche de son intimité, la harcelait sur les réseaux sociaux. 

Traitée de “pute”, de “bolosse”, “sans amie” 

Marion s’est suicidée à l’aide de son foulard. 

Pétrifiée d’horreur lors de cette macabre découverte, la mère de Marion a fait tout son possible pour tenter de réanimer, en vain, le corps de la jeune fille, sans succès. Le lendemain, le couple effondré prend connaissance d’une lettre manuscrite, retrouvée dans le bureau de leur enfant au lendemain du décès :

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“ Si vous recevez cette lettre c’est que je ne suis plus de ce monde.  Vous êtes allés beaucoup trop loin  avec cette histoire : Faux cul, sans amie, on va te niker à ton retour, bolosse, sale pute, connasse… Ok je n’ai pas réussi à dire tout ce que j’avais sur le coeur mais maintenant je le fais même si mon coeur ne bat plus…. Adieu, Marion qui n’est plus de ce monde ” 320, 4ème C."

Marion y désigne plus loin ses tortionnaires un à un, en décrivant toutes les souffrances qu’elle a enduré au sein de son collège. À partir de ces chefs d’accusation, des poursuites judiciaires ont été engagées à l’encontre de l’établissement et de ses auteurs, conduisant ainsi selon la volonté de Nora Fraisse à la rédaction d’une jurisprudence. 

Une première légifération du harcèlement scolaire

     La terrible histoire de Marion Fraisse, poussée à bout par ses camarades en classe et sur Facebook, est devenue un symbole du harcèlement scolaire,  Au point où en 2014 , le gouvernement légifère ce fléau (art 222-33-2-2 du code pénal). Jusqu’alors, le harcèlement scolaire n’était pas reconnu en tant que tel et rentrait dans une catégorie plus vague, celle des violences physiques ou psychiques proférées à autrui. Antoine Fittante, avocat spécialisé en communication et nouvelles technologies décrypte cette loi.

  

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Séance 3

Séance 2

Introduction

Accueil

Séance 1

     

Le texte est une révolution dans le milieu scolaire. Là où les preuves étaient difficiles à apporter en cas de harcèlement, le gouvernement sanctionne l’intention de nuire à son camarade. Ce n’est plus le résultat qui compte, mais l’intention. Même si le harceleur n’est pas allé jusqu’au bout de sa démarche, ce délit peut faire l’objet de poursuites judiciaires.

 

La peine encourue est dissuasive. Dès 13 ans, les adolescents encourent une peine de six mois d’emprisonnement et de 7500 € d’amende au minimum. Ces sanctions peuvent être doublées ou triplées au fil des circonstances aggravantes ajoutées, comme l’âge de la victime, le cyberharcèlement ou la provocation au suicide. Les peines peuvent atteindre jusqu’à 75 000€ d’amende et 5 ans d’emprisonnement maximum.

  

Des outils de luttes insuffisants

     Cette loi s’accompagne d’un arsenal d’outils du gouvernement pour sensibiliser les élèves : numéro vert, journée nationale, spot de prévention, etc. Depuis 2014, la campagne #Non au Harcèlement fait l’objet de concours réflexifs et d’interventions régulières sur le sujet. Malheureusement, elle met à l’écart les établissements scolaires qui ne sont pas concernés par ces actions. Le champ d’action est donc limité.

 

En 2010, Bertrand Gardette, conseiller pédagogique d'éducation et auteur de Harcèlement et Brimades entre élèves, pointait déjà au magazine Marianne les principaux problèmes en France : le manque d’outils et la formation des enseignants.

“  En France, il existe trop peu de formation des enseignants, et encore moins des élèves. Quand ces actions de formation se font, c’est à la demande d’un établissement : il n’y a pas de décision nationale. Même si les clips ministériels sont très bien faits, on ne dispose d’aucun outil pédagogique de type témoignages vidéo pour développer avec le public concerné les caractéristiques et les conséquences du harcèlement.  "

Au regard des avancées actuelles de la recherche sur le sujet, d’autres solutions plus efficaces inspirées de modèles scandinaves semblent émerger. Enrayer le phénomène serait-il possible ? Une mise à jour s’impose.