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Séance 2 : Mettre des mots sur des maux

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Selon l’enquête de victimation, menée par la Direction de l’évaluation de la prospective et la performance (DEPP), quatre élèves se donnent la mort chaque année, poussés à bout par leurs camarades. Ces drames familiaux n’échappent pas aux radars des médias, qui s’emparent de ces sujets poignants.

Cette exposition médiatique du cyberharcèlement a lancé une nouvelle dynamique dans le secteur de la recherche sur les violences scolaires. Les études portent toujours autour du profil des protagonistes. La question semble trouver de nouvelles réponses, davantage sur le plan psychologique que sociologique.

Question de profils

 

          Ils sont partout ! Aucun établissement scolaire n'échappe aux harceleurs. S’il y a bien un critère dont le secteur de la recherche est sûr, c’est que le harcèlement scolaire n’a pas de lieu de prédilection où frapper. N’importe quel établissement peut être le berceau de cette violence, tant cela dépend de la population qu’il accueille que des rapports de force entre les élèves. Il paraît donc essentiel de cerner les personnalités des élèves impliqués dans le harcèlement afin de mieux les repérer. 

La question du profil de harceleurs semble faire débat depuis que l’attention se porte sur le sujet. Bons nombres d’études sur le "school bullying" ont pu déterminer les contours du visage des agresseurs, mais aussi de leurs proies. La psychologue Hélène Romano dresse une liste des principaux profils qu'elle a repertortiés dans son ouvrage Harcèlement Scolaire : Victimes, auteurs : que faire ? Petit tour d’horizon des principaux protagonistes, à commencer par les harceleurs.

 

“Mais Madame ! On ne s’en rendait pas compte…”

Une fois démasqués, voici la principale défense que l’on peut entendre des élèves entraînés dans une dynamique de groupe. Ce sont les suiveurs : des élèves “sans histoire”, qui n’ont aucune réelle motivation à harceler si ce n’est perdurer les actions de leur groupe. Peu autonomes vis-à-vis de la classe, ils ont un fort besoin d’appartenance afin d’exister.

 

 

Pour ce type d’élèves, l’action en groupe les désinhibe face à la violence. Vu que leurs camarades agressent, ils n’ont aucun scrupule à faire de même, comme si les interdits étaient levés. Leur victime n’est donc qu’un bouc-émissaire qui leur permet de rejeter leurs propres failles sur elle. Le groupe se dote alors d’une identité commune en excluant l’autre.

 

 

“Oui, mais à moi aussi on me fait du mal ….”

Ils reconnaissent leurs actes et livrent par la même occasion leurs propres misères, il s’agit des "harceleurs-harcelés". Cette catégorie hybride, mi-agresseur mi-victime, s’en prend à des plus faibles qu’eux. Ils libèrent en quelque sorte toute la violence accumulée qu’ils ont subi ou qu’ils sont en train de subir. La plupart du temps, ils sont incapables de donner une explication rationnelle à leurs actes. On les retrouve généralement à l’écart des bagarres, mais lorsqu’ils agressent quelqu’un, il est difficile pour eux de s’arrêter.

 

L’école n’est pas uniquement le seul endroit où ils peuvent subir des agressions. Une fois rentrés à la maison, ce sont peut-être les souffre-douleurs de leurs frères et soeurs ou même de leurs parents. Pour Jérôme Dinet, enseignant-chercheur à l'Université de Lorraine, ces enfants reproduisent le mode de communication violent emprunté par leur famille en cas de conflits.

“C’est pas ma faute ! Il n’a qu’à se défendre

Leur allure impressionne les plus faibles. Ils ne se sont jamais faits harceler auparavant, ce sont les caïds de la cour de récréation. Les leaders mènent le groupe et influencent les plus faibles. Il suffit qu’un petit groupe se trouve à leur botte pour qu’ils s’exécutent.

 

 

Ces élèves ont une véritable volonté de nuire, faire souffrir l’autre et l’assujettir. Ils n’expriment aucune empathie envers la victime et en cas de sanction, ils se positionnent en tant que victime d’injustice et s’en plaignent. Des études montrent que malgré leur ego surdimensionné, les leaders présentent de grandes failles narcissiques et ne peuvent exister que dans un rapport de domination, craignant être dominé.

 

 

Selon Jérôme Dinet, l'intérêt des leaders n'est pas tant de blesser volontairement quelqu'un mais surtout de prouver à leur audience ce dont ils sont capables et ainsi asseoir leur domination. "Regardez comme j'ai du pouvoir, à quel point je suis cool et ce que j'arrive à faire aux autres..."

 

Au-delà des apparences, les victimes seraient l’instrument de popularité des harceleurs plutôt que leurs souffre-douleurs. Asseoir une réputation requiert un choix stratégique pour les agresseurs. Comment repèrent-ils leurs cibles ?
 

Une fragilité passagère

Pour ces victimes, c’est un mauvais concours de circonstances. Les élèves agresseurs profitent d’un moment de vulnérabilité, lié à la vie de l’enfant comme des difficultés scolaires inhabituelles, la séparation de ses parents, la maladie, une étrangeté momentanée (acné, croissance, coupe de cheveux..) etc. Les victimes inopinées sont très touchées par les mots et les attitudes des harceleurs. Lorsqu’elles sont agressées, il leur est impossible de riposter. Cela en fait des proies faciles, puisqu’elles sont passives.

 

En revanche, en dehors d’un contexte fragilisant, elles auraient sû répondre et ne pas être piégées sous l’emprise de leurs bourreaux, car elles disposent au fond d’elles-mêmes des ressources qui leur ont permis d’évaluer une estime d’eux-même positive et aussi de développer leur confiance en soi. C’est là-dessus que ces élèves devront s’appuyer pour retrouver une confiance suffisante et une sérénité en classe.

La sensibilité à la violence

Au-delà du harcèlement scolaire, certaines victimes ont pu déjà connaître par le passé des situations traumatisantes, voire de la maltraitance. Pour ces enfants, le harcèlement scolaire s’inscrit dans la continuité de violences déjà vécues. Contrairement aux victimes inopinées, elles ne disposent d’aucunes ressources sécurisantes sur lesquelles se fonder pour se reconstruire.

 

Ces victimes ne sollicitent aucune aide des adultes, puisqu’ils ont perdu toute confiance en eux, incapables de les préserver de la violence. Typiquement, elles peuvent pâtir du harcèlement scolaire durant des années.

La chétivité

Les "harcelés-craintifs" paraissent visiblement plus “faibles” que d’autres, en raison de leur aspect physique.

 

Maigres et petits ne font parfois pas “le poids” face à leur agresseur et ceux-ci les repèrent rapidement.

 

Toutefois Hélène Romano rappelle qu’il ne faut pas généraliser ces cas. Il y a des situations de harcèlement où des plus petits s’en prennent à des camarades plus imposants qu’eux.

 

Ici, la chétivité se traduit par l’incapacité de répondre aux assauts de son agresseur malgré leurs atouts physiques.

Même si le fruit de ces enquêtes universitaires ne peut être une science exacte, la recherche s’évertue à trouver un consensus sur le sujet. Une hypothèse sociologique semble mettre d’accord le collège des scientifiques : les écrans ont une influence négative sur l’agressivité. La virtualité qu’imposent les écrans faciliterait le manque d’empathie et conduirait à la violence. À partir de ce nouveau critère, les chercheurs ont réorienté leurs recherches.

Qui se ressemblent, s’assemblent

         Quel est le point commun entre tous ces visages ? D’après les chercheurs, une altération de leurs facultés émotionnelles. D’un côté, l’agresseur est dépourvu d’empathie, c’est-à-dire qu’il est incapable de comprendre les émotions d’autrui.  Quant aux victimes, elles éprouvent des difficultés à exprimer leur ressenti face aux autres. On dit que ces dernières sont alexithymiques. Bérengère Stassin, enseignante-chercheuse sur les cyberviolences scolaires à l’Université de Lorraine, illustre ces états d’esprit.

 

 

En quelque sorte, ces profils altérés s’attirent mutuellement. Pourquoi ? Un enfant qui ne remet pas en place un camarade en position d’attaque, va encourager son passage à l’acte. Si la victime ne le repousse pas dès le premier assaut, l’agresseur va s’autoriser de nouvelles agressions. Il devient harceleur en raison de la répétition de ses actes. Du point de vue du harceleur, s’il ne voit aucune riposte face à lui, la victime est toute trouvée. Qui ne dit mot, consent.

 

Harceleurs et harcelés, même combat

Depuis 2005, le collège scientifique axe ses recherches sur des moyens de luttes permettant de rééquilibrer les facultés émotionnelles des élèves impliqués dans le harcèlement scolaire. Sur 11 études, 6 ont prouvées qu’il y avait une nette amélioration du climat scolaire lorsque l’on développe chez les enfants des compétences sociales, cognitives et émotionnelles de façon ludique (Hoareau, Bagès et Guerrien, 2017). Elles citent notamment les travaux précurseurs de la pédopsychiatre Nicole Catheline et la psychologue Virginie Linlaud, qui ont mis en évidence ces profils altérés.

Elles sont mêmes allées plus loin dans leurs recherches : pour elles, l’empathie doit être étudiée sous ses deux dimensions distinctes et non sous sa forme globale. La première est l’empathie dite “émotionnelle” dont on disposerait dès sa naissance, qui s’exprime à travers le corps. Quant à la seconde, l’empathie cognitive, elle survient plus tard pendant la croissance de l’enfant, entre 8 et 13 ans, lorsqu’il peut intellectualiser ses émotions. En réitérant leurs recherches, elles se sont rendues compte qu’il y a plutôt un excès d’empathie émotionnelle chez les protagonistes du harcèlement. Cet excès aurait retardé le développement de l'empathie cognitive de ces enfants. 

 

Cette hypothèse offre une explication dans le cas des harceleurs-harcelés, qui peuvent basculer d’un rôle à un autre, en raison de cette proximité psychologique.

Finalement, harceleurs et harcelés se ressembleraient sur le plan émotionnel, malgré les différences scandées à l’école. Au fond d’eux, ils ont des difficultés à verbaliser les émotions et à les prendre en compte. 

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                  lesser est aussi facile qu’un clic, ou un like c'est selon ! Les agresseurs disposent désormais de nouvelles voies de communication pour véhiculer leurs violences. Facebook, Snapchat, Instagram et Messenger ont élargi leurs tribunes de la haine. Imposant parfois aux victimes de commettre l’irréparable pour échapper à la situation. Cette violence les poursuit jusqu'au fond de leur poche.

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Ils ne se rendent pas compte des souffrances occasionnées, néanmoins ils sont capables de formuler des regrets à l’égard de la victime, et peuvent d’une année sur l’autre faire preuve de bienveillance.

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